Notes de lecture – Relais 99
P. Marchand, Le maître de poste et le messager. Les transports publics en France au temps des chevaux, Belin, Paris, 2006, 366 p.
Commissaire général des expositions au Musée de La Poste, Patrick Marchand a concrétisé son récent doctorat d’histoire par l’édition d’un livre sur le transport public dans la France de l’Ancien Régime. Pari magistralement réussi. En dehors d’une érudition certaine sur un sujet, l’auteur a surtout fait preuve – malgré un mémoire à l’origine conséquent et austère – d’une vulgarisation efficace de l’histoire dont on lui saura gré pour le lecteur, qu’il soit spécialiste ou tout simplement intéressé par l’histoire postale. Si la première partie sur les Messageries reste technique et érudite dans le « maquis des institutions« , l’auteur approche des sources avec une maîtrise calculée qui est la bienvenue. La deuxième partie, plus fluide, s’intéresse à la poste aux lettres en tant que telle, au travers des systèmes d’exploitation et des bureaux, puis à travers le transport pratique du courrier. La dernière partie aborde quant à elle l’histoire sociale du maître de poste, autour d’histoires et de personnages hauts en couleurs ; elle reste pour nous la plus passionnante de ce livre. Dans la logique du travail de l’historien, cette somme se clôt sur les sources, une bibliographie et un glossaire bienvenus. Malgré l’iconographie éparse, on peut regretter l’absence d’un cahier central d’images sur le sujet ; contrainte de l’édition probablement. Quoi qu’il en soit, l’ouvrage a été récemment récompensé par le prix de l’Académie de Philatélie. Ce n’est pas une surprise.
G. de Bure, Les secrets de l’aéropostale. Les années Bouilloux-Lafont 1926-1944, Privat, Toulouse, 2006, 397 p.
On pouvait penser que tout avait été dit sur la Compagnie Générale Aéropostale (CGA) et les hommes qui ont participé à cette aventure aérienne autour du courrier. Guillemette de Bure, petite fille de Marcel Bouilloux-Lafont, l’homme qui a créé l’Aéropostale et développé « La Ligne » en Amérique du Sud à travers plusieurs compagnies aéropostales, revient longuement sur l’histoire de son grand-père, mort dans l’oubli en 1944. Vingt ans de recherche dans les archives françaises et américaines lui ont permis de faire la lumière sur les intrigues, les ombres et les « affaires » qui ont marqué l’Aéropostale et obligé son créateur épuisé et ruiné à céder une compagnie brillante et en pleine activité au gouvernement français de l’époque. Un livre intelligent et bien écrit qui faire œuvre de mémoire et lève une voile sur certains secrets encore bien gardés de la CGA entre 1927 et 1933, date de sa disparition – officiellement mis en faillite – avec la création d’Air France. Un ouvrage de réhabilitation d’un homme qui fut le fondateur d’une des plus grandes aventures aéropostales. À lire d’urgence pour les passionnés d’aviation.