Relais 110. Georges Valero, postier, militant et écrivain.
C’est l’histoire d’un homme ordinaire, en marge du grand récit de l’histoire officielle, une vie ordinaire, mais qui témoigne des bouleversements du XXe siècle : celle de Georges Valero (1937-1990). Enfant du Front populaire, l’homme est issu des quartiers pauvres de Villeurbanne dans l’agglomération lyonnaise. Par ses racines populaires, investi syndicalement et engagé dans la guerre d’Algérie contre son gré, il rejoint l’administration des Postes. Alors que ses camarades deviennent syndicalistes permanents, Valero opte pour le travail de nuit au centre de tri postal, tout en continuant « la lutte » : l’anticolonialisme, l’espoir du communisme, les événements de mai 68 à Lyon, le syndicalisme révolutionnaire ou autogestionnaire au travers de la CFDT et de la CGT, puis l’attirance anarchique de la CNT. Le parcours est riche, engagé dans le siècle et marqué des « bifurcations » de la vie militante, dans un combat pour un monde plus juste, l’ouvrage est d’une valeur précieuse pour l’historien et le sociologue. Il est mis en page par Christian Chevandier, spécialiste de l’histoire du travail et des mouvements sociaux, professeur d’histoire contemporaine à l’université du Havre et chercheur au Centre d’histoire sociale du XXe siècle.
Disposant de ses romans – trois achevés et une autobiographie politique –, d’écrits inachevés, de lettres et des carnets du militant syndicaliste – écrivain et travailleur – Georges Valero, mais aussi des dossiers des Renseignements Généraux, l’écriture biographique était naturelle pour l’auteur. Le résultat – 400 pages – est probablement à la hauteur de ses espérances, il comble en tout cas le lecteur, qu’il soit postier, historien ou simple curieux de l’histoire d’un siècle. Un passionnant essai d’histoire sociale sur un destin méconnu, à lire d’urgence. (LA)
C. Chevandier, La fabrique d’une génération. Georges Valero, postier, militant et écrivain. Biographie, Paris, éd. Les Belles Lettres, 2009, 434 pages, 31 €
On pourra également lire la critique élogieuse de l’ouvrage par Thomas Wieder, Le Monde, 27 novembre 2009.